prise de bec entre chasseurs et préfecture

La au gibier d'eau est suspendue : prise de bec entre chasseurs et préfecture

jeudi 21.01.2010, 05:05 - La Voix du Nord


Les chasseurs devront s'armer de patience avant de pouvoir revenir à l'affût. PHOTO F.FERMON

| BISBILLES |

Silence transi dans les marais. Depuis le 5 janvier, la au gibier d'eau est suspendue pour cause de froid. L'arrêté préfectoral agace les chasseurs. Face à eux, la préfecture plaide la patience : les oiseaux doivent se refaire une santé.

PAR CÉCILE LEGRAND-STEELAND

maubeuge@lavoixdunord.fr

Ça chauffe. Après le froid de canard des semaines passées, les températures remontent. Le ton entre chasseurs et préfecture aussi. Au coeur de la polémique naissante : la prolongation de l'arrêté de suspension de la jusque samedi. Depuis le 5 janvier, il interdit la des oiseaux limicoles (qui vivent et se nourrissent sur la vase), des canards, de la bécasse des bois, des turdidés (ceux qui se nourrissent sur le sol) et de l'alouette des champs. Marcel Binoit, administrateur pour l'Avesnois et vice-président de la fédération départementale des chasseurs du Nord, enrage : « On comprend que la ait été suspendue pendant la vague de froid. Maintenant que les températures sont positives, l'arrêté aurait dû cesser. » La Fédération estime ne pas avoir été entendue par l'Office national de la et de la faune sauvage. C'est cet établissement qui fournit à la préfecture les bulletins d'information sur l'état de santé du gibier. « La Fédération a été consultée et s'est prononcée en faveur de la reprise. Malgré ça, la suspension a été reconduite. C'est scandaleux sur la forme. » Pour « marquer le coup », un référé contre l'arrêté préfectoral a été déposé mardi après-midi par la Fédération des chasseurs du Nord devant le tribunal administratif de Lille. Le juge l'a rejeté, estimant qu'il ne portait pas une « atteinte grave et immédiate aux intérêts que la Fédération a pour objet de défendre.

» Conscients de la vulnérabilité du gibier, les chasseurs suggèrent la mise en place d'un prélèvement maximum autorisé de 25 oiseaux d'eau par nuit. « Incontrôlable », répond la préfecture. Les services de l'État jouent la carte de la prudence. Et expliquent : « En début de période de froid, l'état physiologique des oiseaux est satisfaisant. Mais il s'amenuise à mesure que le gel perdure. Les distances d'envol diminuent, les vols sont moins rapides... » Le gibier s'économise pour survivre (lire ci-contre). « Et quand la température remonte, les oiseaux ne reviennent pas à leur état normal en une nuit. » Second argument de la préfecture : les zones refuge. En période de grand froid, le gibier fuit les plans d'eau pris par les glaces et se regroupe vers les mares épargnées, souvent des mares maintenues hors gel par les chasseurs. « Il faut lui laisser le temps de se redisperser vers les plans d'eau dégelés. » Le message est clair : « Le préfet a reçu les éléments et les avis des différents représentants (chasseurs, associations, Office national de la et de la faune sauvage). Et il a arbitré. » En attendant, les canards croisent les pattes : si le froid persiste, c'est pas demain qu'on viendra leur voler dans les plumes. •